- contexte
- Contexte : D’origine piémontaise, la famille Nallino s’est installée à Nice lors du rattachement de la ville à la France en 1860. En 1872, Joseph Nallino fonde une manufacture de pianos mécaniques au 6 rue Bonaparte à Nice. Cette dernière fabrique les pianos, les mécanismes, les cylindres, les tables d’harmonie et les meubles et fait appel à de la sous-traitance locale pour certaines parties (les forges Perron pour le moteur à ressort, la fonderie Giordan pour les pièces en fonte). Au plus fort de son activité, la manufacture produit une cinquantaine de pianos par mois. La production est vendue essentiellement dans le nord de la France et en Allemagne et un stock important est exploité pour la location dans les bals et les guinguettes de Nice et ses environs. Joseph Nallino apportera très tôt d’importantes innovations qui transformeront l’instrument de rue en véritable orchestre : l’augmentation du nombre de marteaux (allant jusqu’à 80) et l’ajout de percussions (cymbales, caisses claires, clochettes, castagnettes, triangle, grelots) lui donneront une grande richesse musicale et le transformeront en instrument de bal, très en vogue dans les cafés et guinguettes de l’époque. La famille Roudière à Grasse, propriétaire du restaurant le Richelieu (en face de l’actuelle gare de Grasse) possède un piano mécanique à cylindre provenant des ateliers Nallino. Selon la propriétaire, ce piano fut fabriqué sur commande par Armand Nallino de Nice dans les années 1920 pour Alexandre Raineri, propriétaire du café, bar, restaurant de la Gare PLM (nommé plus tard Le Richelieu) à Grasse. 3 générations de la famille Raineri/Roudière ont tenu ce restaurant et témoignent du succès de cet espace festif où de nombreux Grassois venaient se divertir, manger et danser. Catalyseur d’une culture populaire, cet instrument de musique, ancêtre du jukebox, est intimement lié à notre région (Provence orientale et pays niçois) et demeure un témoin privilégié de notre patrimoine régional. Selon Michel Nallino, cette musique mécanique est peu représentée dans les musées niçois (Musée Masséna possède un petit piano automatique « Veuve Amelotti », quelques cylindres cloutés, un moteur à ressort de pianos automatiques et un piano automatique Nallino. La ville de Nice a acquis en 1997 un second piano automatique « Veuve Amelotti ». En 1987, après 115 années d’histoire familiale, un conservateur du Musée savoisien de Chambéry apprend que la famille Nallino va se retirer définitivement et décide de recueillir, de la bouche d’Armand et de Gaspard Nallino, l’histoire de la manufacture Nallino. L’ensemble des archives familiales, outils, pièces détachées, photos… fut cédé au musée qui, dès 1988, consacra une exposition dont le catalogue fut dédié à Armand Nallino, alors le dernier facteur de pianos mécaniques de la famille, ultime témoin de cette époque révolue.